Remise en eau du Grand Albert et préservation d’un joyau du patrimoine naturel : le Petit Coquet
Le massif forestier de Bonnevaux (Nord Isère) abrite de nombreux étangs, dont l’origine est ancienne puisqu’ils ont été créés par les moines au Moyen-Âge à des fins de production piscicole extensive. Ces étangs possèdent des eaux oligotrophes, de bonne qualité du fait de l’environnement forestier et d’une alimentation presque exclusivement météorique. L’étang du Grand Albert est le plus grand étang forestier du département de l’Isère (environ 17 Ha) et l’étang du Petit Coquet (5000 m²) est connu comme étant le plus riche du massif du point de vue des espèces patrimoniales présentes.
Parmi les éléments majeurs du patrimoine naturel, on peut citer les habitats de gazons pionniers amphibies qui se développent sur les berges d’étangs, les herbiers aquatiques (herbiers à utriculaire, nénuphars blancs…) et les roselières et végétations hélophytes de queue d’étang. La flore du massif de Bonnevaux est riche de plusieurs espèces végétales rares et protégées des milieux humides : Litorella uniflora, Pilularia globulifera, Eleocharis ovata, Carex bohemica, Ludwigia palustris, Hydrocotyle vulgaris, Trapa natans, etc.
La richesse faunistique des étangs de Bonnevaux est également exceptionnelle, elle se traduit par exemple, pour le groupe des odonates, par la présence de 58 espèces soit près de 80 % des espèces recensées sur le département et plus de 60 % des espèces présentes en France. Le Petit Coquet constitue le seul site en Auvergne Rhône-Alpes où l’on retrouve trois espèces très rares et protégées de leucorrhines (libellules) : la Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis), la Leucorrhine à large queue (Leucorrhinia caudalis) et la Leucorrhine à front blanc (Leucorrhinia albifrons).
La nécessité de restauration et de gestion de ces milieux vient du fait qu’en 2008, la digue du Grand Albert s’est rompue, provoquant ainsi la vidange de l’étang du Grand Albert et que le Petit Coquet commence petit à petit à se combler. Les propriétaires ont dès lors souhaité changer l’orientation de gestion en passant d’une gestion piscicole non contrôlée à une gestion écologique. Pour ce faire, les propriétaires et la LPO Auvergne Rhône Alpes ont signé en septembre 2018 un contrat d’Obligation Réelle Environnementale pour une durée de 99 ans, dont l’objectif est la restauration et la préservation du patrimoine naturel des deux étangs. Cette convention donne la maîtrise d’usage à la LPO sur une grande période de temps. En effet, les obligations environnementales sont attachées au bien : elles perdurent donc en cas de cession du bien.
Les objectifs principaux sont de remettre en eau l’étang du Grand Albert pour en faire une zone humide patrimoniale et de préserver l’état actuel du Petit Coquet sur le long terme.