Le projet faisant l’objet de la présente demande de soutien financier auprès de la Fondation Humus s’intitule GENTOX-CIRCA. Il constitue l’une des actions menées par le « Groupe circaète de la Vienne », constitué de bénévoles de la LPO Poitou-Charentes, qui assurent un suivi interannuel des populations de circaètes Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) en Poitou-Charentes où l’enjeu de conservation de cette espèce patrimoniale est élevé.
Le projet GENTOX-CIRCA combine une approche génétique et écotoxicologique, basée sur l’analyse de plumes de mue. Le volet génétique de l’étude permettra :
- D’obtenir des données très informatives sur la composition des couples, sur leur longévité, et donc d’avoir accès à des informations sur la dynamique d’une population locale ;
- D’étudier la variabilité génétique au sein de cette population et de pouvoir faire une étude comparative avec des oiseaux en provenance d’autres zones géographiques ;
- D’apporter des précisions sur la tendance de cette espèce à la dispersion ou au contraire à la philopatrie.
L’étude écotoxicologique permettra, quant à elle, d’estimer les taux de pesticides accumulés dans les plumes des différents individus. Ce diagnostic annuel et individualisé contribuera à évaluer l’état du réseau trophique de ce prédateur et de son biotope en termes de contamination par des pesticides, afin de mieux appréhender les risques pesant sur ce rapace.
Pour mener à bien ce projet, le Groupe Circaète de la Vienne s’est rapproché de l’université de Poitiers, plus précisément du laboratoire Écologie et Biologie des Interactions (EBI, UMR CNRS 7267) où ont été effectuées les expérimentations initiales ayant permis de valider l’approche expérimentale.
Objectifs du projet
Ce projet vise à mener une étude pluriannuelle de nos populations de circaètes en identifiant génétiquement les partenaires de différents couples (génotypage), et en établissant un diagnostic écotoxicologique de ces individus et de ces populations. Cette approche complètera les informations obtenues par d’autres méthodes de suivi plus classiques (observation, baguage…) dont l’efficacité est limitée par le faible échantillonnage, notamment pour des rapaces. L’approche génétique utilisée, fondamentalement non invasive et peu perturbatrice, s’appuie sur l’analyse de l’ADN présent sur les plumes de mue collectées à proximité des nids. En effet, la mue, qui permet de remplacer les plumes usées, est annuelle et se déroule pour cet oiseau en grande partie pendant la période de nidification.
En plus d’apporter des données très informatives sur les caractéristiques génétiques de ces populations (diversité, brassage, liens de parenté), sur la longévité des couples et la fidélité au site de nidification, sur la dynamique de ces populations, ce génotypage permettra un suivi individualisé et pluriannuel afin d’évaluer le degré d’exposition de ces oiseaux à divers polluants environnementaux, de façon à appréhender l’état du réseau trophique de ce prédateur de reptiles.