Ligue pour la protection des oiseaux
Depuis sa création en 1912, la LPO œuvre au quotidien pour la protection de la nature, en menant trois grandes missions : la connaissance et la conservation de la biodiversité ; la préservation et la gestion des espaces naturels ; l’éducation à l’environnement et la mobilisation de la société.
Les actions mises en place
1. Etude génétique et écotoxicologique du Circaète Jean-le-Blanc en Poitou-Charentes (GENTOX-CIRCA)
Le projet GENTOX-CIRCA, porté par le Groupe Circaète de la Vienne (bénévoles LPO Poitou-Charentes), vise à mieux comprendre et protéger le circaète Jean-le-Blanc, un rapace patrimonial dont la conservation est prioritaire en Poitou-Charentes.
Le programme s’appuie sur une méthode non invasive, fondée sur l’analyse génétique et écotoxicologique de plumes de mue récoltées près des nids.
L’approche génétique permet d’identifier les membres des couples, leur longévité, la structure des populations et leurs échanges avec d’autres régions. L’analyse écotoxicologique, elle, mesure les taux de pesticides accumulés dans les plumes afin d’évaluer l’état du réseau trophique et les menaces qui pèsent sur le rapace.
Ce projet, réalisé en partenariat avec l’Université de Poitiers (laboratoire EBI – UMR CNRS 7267), complète les suivis traditionnels, souvent limités pour les rapaces, en offrant une vision plus fine et pluriannuelle de la santé des populations de circaètes.
Les objectifs ?
- Identifier génétiquement les partenaires des couples de circaètes (génotypage) afin de mieux comprendre la structure et la dynamique des populations.
- Évaluer la diversité génétique, les échanges entre populations, les liens de parenté et les comportements de dispersion ou de fidélité au site.
- Mesurer l’exposition aux pesticides via les analyses écotoxicologiques des plumes et diagnostiquer l’état du réseau trophique du circaète.
- Réaliser un suivi individualisé pluriannuel des oiseaux grâce à une méthode non invasive fondée sur les plumes de mue.
- Compléter les données issues des suivis classiques (observation, baguage) afin d’obtenir une vision plus complète de l’état de conservation de l’espèce.
2. Installation de « chouettes » nichoirs pour l’effraie
Le projet de préservation des effraies en Alsace, mené par la LPO France, vise à contrer le déclin de l’effraie des clochers dans la région. L’effraie des clochers est une espèce en déclin en Alsace. Autrefois présente dans tous nos villages et même en ville, elle a subi au fil du temps une pression urbaine croissante et la transformation des campagnes. La population alsacienne n’est aujourd’hui estimée qu’entre 150 et 400 couples.
Cette chouette recherche les greniers, combles et granges pour nicher. Or, les vieux bâtis se raréfient, et de nombreux sites sont désormais grillagés pour empêcher les pigeons d’entrer. Les bâtiments anciens sont restaurés et modernisés pour s’adapter à une densité humaine en hausse, ce qui engendre aussi davantage de routes et de surfaces artificialisées : autant de risques de collisions et de territoires de chasse en moins.
L’évolution des pratiques agricoles contribue également à la perte d’habitat et à la fragmentation des populations.
Depuis la fin des années 1970, plus de 600 nichoirs ont été installés dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, permettant de freiner le déclin. Cependant, l’essoufflement du bénévolat a conduit à un manque de suivi : de nombreux nichoirs ne sont plus contrôlés régulièrement, et certains ne sont plus fonctionnels.
Le but de ce projet est de relancer une dynamique forte afin de préserver durablement l’espèce en Alsace.
Les objectifs ?
- Réaliser un état des lieux exhaustif des nichoirs existants en harmonisant et mettant à jour les bases de données, identifier les nichoirs suivis et non suivis, et évaluer leur fonctionnalité ;
- Recréer et dynamiser un réseau de suivi des effraies en créant un groupe dédié, actualisant les outils de suivi, développant une stratégie de développement du réseau de nichoirs, et recrutant de nouveaux bénévoles.
3. Programme Vigilance poison pour protéger 4 espèces de rapaces emblématiques des Pyrénées
En 2005, la LPO a mis en place un programme afin d’identifier les causes de mortalité de 4 espèces de rapaces nécrophages protégés dans les Pyrénées : le Vautour percnoptère, le Vautour fauve, le Gypaète barbu et le Milan royal. Ces espèces bénéficient toutes d’un Plan National d’Actions (PNA) visant à assurer leur conservation sur le long terme.
Entre 2005 et 2019, le programme a permis de récupérer, radiographier et autopsier 311 oiseaux sur les départements pyrénéens et limitrophes. Ce travail a permis d’identifier les menaces majeures pesant sur ces espèces, afin d’agir efficacement sur les dangers détectés.
Les causes anthropiques (liées aux activités humaines) — empoisonnement, intoxication, collision, électrocution et tirs — ont été identifiées comme les principales causes de mortalité, devant les causes naturelles telles que la maladie ou la dénutrition. Plus précisément, les résultats montrent que l’empoisonnement est la première cause de mortalité des rapaces nécrophages dans les Pyrénées, représentant plus d’un tiers des cas depuis 2010 (75 rapaces empoisonnés entre 2010 et 2019).
Les empoisonnements peuvent provenir :
- d’actes de malveillance, via l’utilisation d’appâts empoisonnés contenant des produits interdits en France ;
- d’un mauvais usage de produits vétérinaires ou raticides, déversés dans la nature sans connaissance des impacts sur la faune ;
- de l’intoxication au plomb (saturnisme), causée par la consommation de proies de chasse plombées laissées sur place.
Les actions nécessaires pour éradiquer l’usage du poison sont multiples et nécessitent des actions ciblées de communication et de sensibilisation du public, adaptées à chaque type d’empoisonnement.
Les objectifs ?
- Procéder à des analyses sur les cadavres des espèces ciblées pour identifier l’origine de leur mort (radios, autopsies, analyses toxicologiques, etc.) ;
- Agir sur les problématiques existantes (empoisonnement, percussion, électrocution, malveillance) ;
- Hiérarchiser les menaces et donc les actions qui permettront d’améliorer la qualité de l’habitat de ces espèces ;
- Favoriser la conservation de leur population ;
- Mettre en place des actions d’information et de sensibilisation à destination des habitants, des gestionnaires et des acteurs du territoire ainsi que la police de l’environnement autour de cette problématique.
4. LPO AuRA : création d’une zone humide de 17 Ha unique en son genre
Le massif forestier de Bonnevaux (Nord Isère) abrite un ensemble d’étangs médiévaux remarquablement préservés, dont le Grand Albert, le plus grand étang forestier de l’Isère (17 ha), et le Petit Coquet, considéré comme le site le plus riche en espèces patrimoniales du massif. Ces milieux abritent des habitats rares – gazons amphibies, herbiers aquatiques, roselières – ainsi qu’une flore exceptionnelle, composée d’espèces rares et protégées des zones humides.
La faune y est tout aussi remarquable : le site accueille 58 espèces d’odonates, soit 80 % des espèces du département, et le Petit Coquet est le seul site d’Auvergne Rhône-Alpes où coexistent trois leucorrhines très rares et protégées.
Depuis la rupture de la digue du Grand Albert en 2008, l’étang est totalement vidangé, tandis que le Petit Coquet se comble progressivement. Face à ces menaces, les propriétaires ont choisi d’abandonner la gestion piscicole historique pour une gestion écologique.
En 2018, un contrat d’Obligation Réelle Environnementale (99 ans) a été signé avec la LPO Auvergne Rhône-Alpes, garantissant la restauration et la préservation de ces milieux d’exception sur le très long terme.
Les objectifs ?
- Remettre en eau l’étang du Grand Albert afin de restaurer une zone humide patrimoniale d’importance régionale.
- Préserver durablement l’état écologique du Petit Coquet, notamment la présence d’espèces faunistiques et floristiques rares et protégées.
- Assurer une gestion écologique pérenne des deux étangs grâce au cadre juridique de l’Obligation Réelle Environnementale.
- Maintenir et restaurer les habitats naturels sensibles, indispensables à la flore et à la faune remarquables du massif de Bonnevaux.
5. LPO Protection des Oiseaux Auvergne-Rhône-Alpes : soutenir les populations de Huppe fasciée et de Torcol fourmilier sur les secteurs viticoles et arboricoles du département de la Loire
Deux espèces emblématiques des milieux agricoles — la Huppe fasciée et le Torcol fourmilier — dépendent fortement du bocage, des vergers et des vignes. Toutes deux insectivores, migratrices et thermophiles, elles subissent la dégradation des habitats agricoles, la disparition de la ressource alimentaire et l’urbanisation croissante.
La Huppe fasciée, en légère progression récente grâce au changement climatique, reste toutefois vulnérable en raison de la perte d’habitats et du manque de sites de nidification. Le Torcol fourmilier, plus rare encore, connaît un déclin marqué, lié à la disparition des milieux ouverts et des vieux arbres à cavités.
Le Département de la Loire a donc inscrit ces deux espèces comme prioritaires, notamment dans les secteurs viticoles et arboricoles, où elles trouvent encore des conditions favorables.
Les objectifs ?
- Aménager les parcelles agricoles (vignes et vergers) pour améliorer les habitats de la Huppe fasciée et du Torcol fourmilier.
- Renforcer les possibilités de reproduction des deux espèces (ex. nichoirs, maintien de vieux arbres, gestion de la végétation).
6. LPO Touraine : Favoriser le retour de la biodiversité en milieu agricole à l’aide d’aménagement en faveur des oiseaux et des chauve-souris en Centre -Val de Loire.
La LPO France a développé le programme « Des Terres et des Ailes » afin de valoriser nationalement toutes les actions visant à favoriser la biodiversité en zone agricole. Dans ce cadre, la LPO Touraine décline ce projet en actions concrètes sur le territoire de la région Centre-Val de Loire pour accompagner les agriculteurs.
Les oiseaux et les chauves-souris sont de véritables auxiliaires des cultures, participant à la lutte biologique et permettant de réduire l’utilisation d’intrants chimiques qui menacent aujourd’hui l’écosystème. En favorisant leur accueil, les agriculteurs contribuent directement à endiguer le déclin de la biodiversité.
Les objectifs ?
- Accompagner 10 agriculteurs (6 en Indre-et-Loire et 4 en Loir-et-Cher) dans l’évaluation du potentiel de présence d’espèces ciblées sur leurs exploitations.
- Identifier les besoins écologiques des oiseaux et chiroptères afin de définir des aménagements adaptés (gîtes, nichoirs, perchoirs, etc.).
- Mettre en place des installations favorisant l’accueil et la reproduction des espèces ciblées pour renforcer la biodiversité au sein des exploitations agricoles.
6. Accompagner les agriculteurs dans une transition vers des pratiques plus vertueuses pour la biodiversité sauvage et l’environnement
Le projet vise à accompagner les agriculteurs dans une transition vers des pratiques plus vertueuses pour la biodiversité sauvage et l’environnement, en mobilisant l’ensemble des acteurs du territoire. Les maîtres-mots sont : écoute, dialogue et action concertée.
Ce volet s’inscrit dans la continuité du premier projet (2021-2022) mené en Nouvelle-Aquitaine, où plus de 50 exploitations ont été accompagnées par la LPO. Ce premier travail a permis la co-construction de plans d’action, la mise en place d’aménagements favorables à la biodiversité (haies, nichoirs), et l’implication des écoles, habitants et bénévoles.
Dans cette phase 2, le projet sera étendu à 6 nouveaux territoires tout en poursuivant l’accompagnement des agriculteurs déjà engagés, afin de pérenniser la dynamique créée entre agriculteurs, bénévoles, citoyens et naturalistes de la LPO.
Le projet « Agriculture et Biodiversité », porté par la LPO, reste un programme transversal, mobilisant à la fois les compétences naturalistes, agro-écologiques, pédagogiques, ainsi que l’ensemble des acteurs socio-économiques du territoire (élus, habitants, scolaires, coopératives, structures professionnelles agricoles). Les agriculteurs y sont les acteurs centraux de la préservation de la biodiversité.
Les objectifs ?
- Accompagner des agriculteurs volontaires vers des pratiques plus favorables à la biodiversité.
- Co-construire un plan d’action pour la préservation de la biodiversité et la restauration des continuités écologiques.
- Mobiliser l’ensemble des acteurs du territoire (habitants, élus, écoles, structures agricoles, associations) aux côtés des agriculteurs.
- Créer une dynamique territoriale durable entre agriculteurs, naturalistes, citoyens et bénévoles.
- Pérenniser et suivre les aménagements déjà réalisés dans les fermes engagées.
- Étendre l’accompagnement à 6 nouveaux territoires pour renforcer la transition agro-écologique.
- Sensibiliser et impliquer la population locale via des actions participatives et éducatives.
- Mettre en œuvre des actions concrètes améliorant la résilience climatique, la préservation de l’eau et la richesse de la biodiversité.